Chronique d’une …. annoncée
Elle réfléchit….
On lui a dit qu’elle n’avait pas le droit !
Pas le droit de faire ça !
Si elle n’avait pas si mal cela l’amuserai de chantonner dans sa tête, en pensant au ridicule de la situation : « qui a le droit, qui à le droit, qui à le droiiiit, d’faire çaa ».
A vrai dire le droit, elle s’en fou !
Ses droits à elle, droits fondamentaux, lui ont toujours été bafoués, retirés !
Et il ne s’agit pas de droit ! Il s’agit de douleur que le corps cesse de supporter.
Alors elle réfléchit, elle qui n’a pas le droit….
Et qui ne se sent même pas le droit de prononcer ce mot si cru en 7 lettres…. (On fait un pendu ? Ce serait drôle et de circonstance !)
Et c’est son estomac vide, son corps fébrile qui lui apporta la réponse !
Oui ! Tout parait si simple et si évident d’un coup !
Elle se dit qu’il lui faut mettre en ordre ses papiers, ranger sa maison, prendre toutes les dispositions nécessaires.
Ensuite elle sait comment éloigner le temps qu’il faut ses enfants…
Et après elle sait ce qu’il lui reste à faire : RIEN !
Elle n’est pas de bonne constitution, sa santé est fragile, sauter un seul repas la fait se sentir fébrile, alors elle sait que ce sera rapide.
Et elle sait aussi, expérience du passé, qu’au bout de 2/3 jours sans manger, son corps est si faible qu’il n’est plus en mesure de ressentir la douleur. Elle se souvient de ce doux moment où tout est vide à l’intérieur. Enfin ! Calme !
Elle pense alors que le bonheur n’est en fin de compte que l’absence du malheur, de la douleur !
Tout ce qu’elle veut c’est ne plus avoir mal ! Elle a trop mal ! Depuis trop longtemps !
Maintenant il lui faut se remettre un peu à manger, sinon elle ne pourra pas faire tout ce qu’il lui reste à faire !
Mais c’est si dur de manger ! Son estomac se tord mais elle n’a pas faim !
Il lui faut lutter encore quelques jours. Elle y arrivera elle le sait même si tout de suite toutes ses forces l’ont abandonnée.
En tout cas ce qu’elle sait, c’est qu’on pourra pas lui reprocher… qu’on ne pourra pas lui dire qu’elle n’avait pas le droit de faire ça, puisqu’elle n’aura rien fait !
Se laisser glisser doucement dans la mort, sans rien faire, en laissant le corps, la vie, le ciel décider du moment où, n’est pas se tuer !
Peut-on reprocher à quelqu’un de mourir de faim ?!! (et de chagrin !)
Et elle sait que c’est moralement moins violant ! Pour elle comme pour les autres. Elle pourra même tranquillement profiter de quelques heures sans douleur et s’endormir paisiblement !
Maintenant elle a hâte, elle est sereine à la simple pensée….
Elle s’endort même, épuisée, avec toutes ces pensées qui la bercent un peu, elle qui souffre tant.
Je la laisse Je n’ose pas la réveiller, cela fait 48h qu’elle n’a pas dormi !